Discours de rentrée de Benoît Lutgen

La puissance de l’engagement

Discours de Benoît Lutgen

Wégimont – 7 septembre 2014

Mesdames,
Messieurs,
Chers Amis,

Lorsqu’on entre en politique, on dit qu’on « s’engage ». « Je me suis engagé en politique ». Ce n’est pas pour rien qu’on utilise ce mot. L’engagement, c’est un terme fort. Il désigne l’implication, la volonté, la défense d’un projet ou d’une cause. Pas pour un mois ou un an, non ! Pas pour la durée d’un poste que l’on occupe ! Mais aussi longtemps que l’on porte ses convictions.

Eh bien, je veux vous le dire aujourd’hui, je suis fier de notre formation politique. Parce que notre parti respecte ses engagements.

Ces engagements, nous les avons pris ensemble, et nous avons fixé les balises de notre projet : celui d’un autre type de développement, un développement humain. Ce projet, il nous a portés pendant toute la campagne. Le programme électoral a été l’occasion de traduire en propositions concrètes cet objectif majeur.

Le développement humain se base sur une vision forte et positive de notre avenir. Il met en avant la responsabilité de chaque être humain et valorise ceux qui entreprennent, qui montent des projets, font preuve d’initiative et de créativité, pour eux et pour les autres ; il favorise la qualité de vie en harmonie avec l’environnement ; il donne un cap et des perspectives à la jeunesse.

Le développement humain, c’est agir en priorité sur l’éducation, la qualité de vie, l’emploi et la vie des familles.

C’est enfin et surtout élargir notre champ de vision. C’est démontrer que notre bien-être ne dépend pas que des richesses produites mais de la capacité à ce que chaque citoyen puisse être acteur de sa participation et des liens qu’il tisse avec les autres. Parce que nous choisissons le citoyen-providence plutôt que l’Etat-providence.

Voilà la conviction qui fonde notre engagement politique.

Mesdames, Messieurs,

Au lendemain des élections du 25 mai dernier, vous m’avez chargé de prendre les contacts avec toutes les formations politiques pour réaliser notre projet. Parce qu’au-delà de l’engagement pour nos convictions, nous portons également un engagement dans l’action.

Les Gouvernements régionaux et communautaires sont en ordre de marche et au travail. Ils fondent leur action sur un projet, solide et ambitieux. La marque humaniste y est omniprésente.

Vous le savez, nos exigences étaient fortes et clairement annoncées : en matière d’éducation, d’emploi, de développement des entreprises, d’environnement.

Nous avons aussi posé nos exigences d’entrée de jeu : pas de nouveaux impôts. Il a fallu du temps pour convaincre. Mais le cdH a atteint ces objectifs.

Nous avions dit que nous serions aux côtés de ceux qui entreprennent. Ceux qui veulent créer une nouvelle crèche, monter un projet culturel, qui veulent créer une association. Les chefs d’entreprise qui veulent relever le défi de l’activité et de l’emploi. Ceux qui mettent leur volonté, leur intelligence et leur expérience au service des autres. Qui demandent que l’enseignement porte l’excellence individuelle et collective. Ceux qui demandent des services publics efficaces, concentrés sur leurs missions. Qui demandent qu’on les soutienne dans leurs initiatives et leurs projets, économiques, sociaux, culturels ou associatifs. Ceux qui demandent un accompagnement intensif des jeunes demandeurs d’emploi, avec des formations et des stages. Nous avons été au rendez-vous pour répondre à ces légitimes demandes dans les accords de Gouvernement.

Vous voulez un autre exemple ? Il y a juste deux ans, lors de la rentrée politique, j’avais pris devant vous un engagement fort au nom de l’ensemble du parti : répondre aux besoins de création de places et d’écoles en finançant enfin de façon égalitaire chaque école, quel que soit son réseau. Il y en a beaucoup, à l’époque, qui riaient. « C’est du rêve, c’est un slogan électoral » « Lutgen démago ! », voilà ce qu’ils disaient. Eh bien, aujourd’hui, c’est une réalité, c’est du concret. Engagement tenu ! L’accord de Gouvernement précise que la création de nouvelles places scolaires respectera l’égalité entre les réseaux. C’est historique !

Les briques c’est nécessaire, bien sûr. Mais ce n’est pas suffisant. Le plus important c’est de mettre en œuvre, avec les équipes éducatives, le Pacte pour un enseignement d’excellence. Ce Pacte, c’est avant tout une méthode : celle de Marie-Do, poursuivie par Marie-Martine. Une méthode de participation et de respect de tous les acteurs. Comment pourrions-nous réussir ce défi majeur sans le construire avec les enseignants et les directeurs d’écoles ? Le Pacte d’excellence, c’est aussi un objectif, et Joëlle l’a rappelé : celui de permettre à tous les enfants de développer au maximum leurs capacités et leurs talents en faisant fructifier les expériences pédagogiques qui ont fait leurs preuves. C’est pour cela que nous voulons renforcer l’autonomie des établissements, offrir une étude dirigée pour les enfants du primaire, mettre en place un bac à la fin des secondaires, un test d’orientation dans le supérieur. Pour donner des perspectives aux jeunes et montrer combien on croit en eux, un refinancement de l’enseignement supérieur était indispensable. Là aussi, nous avons été au rendez-vous !

Renforcer l’acquisition de compétences dans l’enseignement, c’est aussi une condition indispensable pour favoriser l’emploi des jeunes. L’emploi, c’est la priorité de tous les Ministres cdH, quelles que soient leurs compétences. C’est le fil orange de leur politique. Les jeunes bénéficieront de réductions de cotisations et d’aides spécifiques. Le chemin vers l’emploi sera élargi, par des liens école-entreprise plus forts, par la multiplication des possibilités de stage et d’apprentissage en alternance. Mais plus largement, chaque Ministre doit avoir comme ambition et comme critère absolu la création d’activité et d’emploi.

Nous, humanistes, nous avons une idée fixe : celle d’accompagner les parcours de vie, tant les jeunes enfants que nos aînés. Ce sera le cas ! Nous augmenterons les places d’accueil pour la petite enfance. Les accueillantes d’enfant seront valorisées. Nous avions promis une amélioration de leur statut : elles bénéficieront à l’avenir d’un revenu garanti et d’un pécule de vacances. Il est là aussi concrètement, le respect de l’engagement !

Nous avions dit : avec nous, pas d’augmentation du prix des titres-services. C’est inscrit noir sur blanc dans les accords, tant en Wallonie qu’à Bruxelles.

A l’autre bout du cycle de la vie, nous avions porté un objectif clair : celui de traduire l’allongement de la vie en opportunité. Pari tenu ! Une assurance autonomie sera mise en place pour développer les soutiens alternatifs, assurer le développement et la coordination de l’aide à domicile, aménager différemment l’habitat et des quartiers pour permettre à chacun de vivre où il le souhaite le plus longtemps possible.

Au niveau du logement, le cdH a martelé une priorité durant la campagne, celui de favoriser l’accès à la propriété. Parole tenue ! Les droits d’enregistrement seront étalés, des formules de leasing immobilier seront mises en place. Et pour éviter que la seule solution de logement pour les familles précarisées soit le logement social, nous allons créer une allocation-loyer à Bruxelles.

En mobilité, notre centre d’étude, le CEPESS, avait démontré toute la pertinence d’un Réseau Express de Covoiturage pour résoudre les problèmes de congestion routière. Il est repris dans les accords, tant en Wallonie qu’à Bruxelles !

Ces idées nouvelles, cette force de créativité et d’innovation, c’est le cdH qui les porte et qui les véhicule. Non seulement pour alimenter le débat public, mais aussi et surtout pour les concrétiser par une action déterminée. Car la politique, ce n’est pas toujours obtenir plus de moyens, mais surtout proposer des solutions intelligentes pour mieux utiliser les moyens que l’on a à sa disposition. Nous avons l’obligation absolue d’utiliser chaque euro qui nous est confié par les citoyens avec la plus grande rigueur et avec le souci permanent de l’efficacité.

Vous savez, parfois, certains déplorent un manque de confiance des citoyens envers les responsables politiques qui les gouvernent. Je le regrette comme eux. Mais la meilleure manière de renouer cette confiance, n’est-ce pas d’être fidèle aux engagements que l’on a pris ? De tenir ses promesses ? Aujourd’hui, je suis fier que tous ensemble nous ayons pu tenir nos engagements pris devant les électeurs et de les traduire dans l’action. Je suis fier d’appartenir à un parti qui représente une telle force d’innovation mais aussi de responsabilité.

Mesdames, messieurs,

Durant la campagne électorale, tous les partis francophones ont été constamment confrontés à une question pertinente : « Prenez-vous l’engagement de ne jamais gouverner avec la NVA ? ». Parce que c’est vrai, porter à ce niveau de responsabilité de l’Etat un parti qui a pour projet de tuer la Belgique à petit feu, c’est tout sauf anodin.

Toutes les formations politiques francophones ont répondu, la main sur le cœur et devant les électeurs : « Bien sûr ! Jamais avec la NVA ! ». Mais à l’évidence, un « jamais » n’est pas l’autre. Force est de constater que la main sur le cœur, parfois, n’est pas la main qui mène les négociations.

Nous, le cdH, nous avons respecté notre engagement.

Refuser de s’allier à des nationalistes, c’est notre pacte de confiance que nous avons conclu avec les Belges.

La parole donnée, ne pas aller au pouvoir à n’importe quel prix. Oui, votre cdH a osé cette révolution. Taylerand affirmait : « en politique il n’y a pas de convictions, il n’y a que des circonstances ». C’est faux ! Radicalement faux ! Les actes qui ne suivent pas les paroles éloignent chaque jour les citoyens de la politique, en Belgique et partout en Europe. Le respect des engagements est une obligation démocratique !

Le cdH ne sera jamais le cache-sexe de coalitions qui n’assument pas leurs choix. Il ne servira jamais d’alibi à ceux qui cherchent à se donner bonne conscience.

Et vous savez quoi ? La critique nous honore quand elle porte sur le respect de nos engagements.

Soyez en sûr, le cdH sera résolument offensif mais aussi constructif pour faire respecter ce qui fonde notre pays : une sécurité sociale forte et moderne, des soins de santé de qualité et accessibles à tous, une fiscalité juste et efficace, le respect de chaque Communauté.

Nous serons intraitables, croyez-le bien, pour que la 6ème réforme de l’Etat soit pleinement mise en œuvre et pour que l’on crée la communauté métropolitaine. Pour défendre le renforcement en personnel dans les tribunaux de Bruxelles et réinvestir dans une Justice efficace et humaine. Pour défendre une réforme fiscale équilibrée, qui valorise le travail, sans reporter la dette sur les générations futures. Pour améliorer le niveau de vie des familles. Pour que la SNCB desserve les zones plus rurales. Vous croyez que c’est en mettant aux commandes de l’Etat un parti nationaliste qui veut sa fin qu’on y arrivera ?

Mais il ne s’agit pas uniquement de l’Etat belge. Il s’agit également de l’Europe. L’Europe, qui est à un tournant. Elle est en perte de sens et d’adhésion. Elle doit quitter le chemin de l’austérité destructrice. Il y a urgence ! L’Europe doit offrir un projet mobilisateur pour les jeunes, pour l’emploi. L’Europe doit redevenir ce modèle de démocratie et de développement et un modèle de qualité de vie. Je ne doute pas de l’engagement de Jean-Claude JUNCKER de porter cet idéal européen. Et je souhaite profiter de l’occasion pour saluer la désignation de Marianne THYSSEN qui l’a rejoint dans cette entreprise.

Chers amis, ne passons pas à côté de l’essentiel. Comment passer sous silence ce qui se passe sous nos yeux, en Europe et dans le monde ? Nous vivons aujourd’hui des conflits particulièrement inquiétants. En Ukraine, bien sûr, où les décisions démocratiques sont balayées par la force. N’est-ce pas précisément maintenant, à l’heure où la Russie adopte des mesures de rétorsions inacceptables, que nous avons besoin d’une Europe forte et courageuse ? Au Proche Orient, où la lutte pour l’instauration de régimes démocratiques se heurte à la barbarie sans nom, commise tant par des régimes ignobles et sanguinaires que par des milices sans foi ni loi qui commettent les crimes les plus abjects. Imagine-t-on la discrimination systématique et les crimes répétés commis à l’égard des Chrétiens d’Orient, des Yazidis et des autres minorités en Irak ? Au Congo, où les crimes, en particulier à l’égard des femmes, ne cessent de se répéter. En Afrique de l’Ouest, où la menace du virus Ebola ne pourra être combattue que par la coopération. Non, l’Europe ne peut pas être absente de ces rendez-vous avec l’histoire. Et ce n’est pas avec le repli du nationalisme que l’Europe prendra date avec cette histoire là. Comment comprendre, alors, que certains vont donner la courte échelle à ceux qui veulent détruire sa construction ? Comment accepter que l’on installe au cœur de la capitale européenne un parti europhobe ?

Mesdames et messieurs, chers amis,

Je voudrais vous poser une question. Pourquoi êtes vous venus ce matin ? Pourquoi consacrez-vous autant de temps, des journées, des nuits, des week-ends, à vous impliquer dans la vie de vos communes, de vos sections, de vos quartiers ? Par passion, sûrement. Par enthousiasme. Parce que vous avez des convictions. Parce que vous avez le sens des autres. Parce que vous aimez porter des projets. Mais d’abord et surtout parce que vous avez le sens de l’engagement.

Nous, au cdH, nous voulons faire de la politique autrement. Vous savez, je rencontre tous les jours des citoyens qui me disent : « bravo ! Vous avez respecté votre parole ». Ça me donne de la confiance pour l’avenir. Je suis rassuré que le respect des engagements redonne confiance dans la politique.

Quand on s’engage en politique, ce n’est pas pour obtenir des mandats. Ces postes, ces mandats, ne nous appartiennent pas, pas plus à vous qu’à moi. Ils appartiennent avant tout aux électeurs, aux militants, et surtout aux valeurs que nous portons.

Nous, humanistes, quand on s’engage en politique, c’est pour s’indigner contre des situations inacceptables et être une vigilance intraitable quant aux engagements pris ; c’est pour proposer des solutions nouvelles ; c’est pour fédérer, mobiliser les énergies. Quand on s’engage en politique, c’est pour être porteur de solutions. Quand on s’engage en politique, c’est pour chercher le chemin du bien-être de tous, c’est pour avoir une vision forte d’évolution de la société, celle du développement humain, et pour la faire vivre.

C’est cela qui fonde notre engagement politique, chacun à notre niveau, partout où nous nous trouvons.

Etre cdH, chers amis, c’est croire en la responsabilité et les ressources de chaque être humain. C’est bousculer la gauche, lorsqu’elle refuse de s’engager dans des réformes tant nécessaires pour assurer le développement social, économique mais surtout humain. C’est dénoncer la droite, lorsqu’elle propage l’égoïsme, l’individualisme et les seules lois du marché et du plus fort. Etre humaniste, c’est constater les limites du système capitaliste et du système socialiste, et défendre notre modèle : le développement humain.

Mesdames et messieurs, chers amis,

Nous pouvons être fiers de ce que nous sommes. La cohérence entre notre engagement et notre action est totale. La fidélité à nos valeurs et au respect de notre parole nous renforce. Cette sincérité décuple notre énergie et notre détermination au service des autres. C’est cela, la puissance de notre engagement.

Merci à tous !

Benoit LUTGEN

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